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Par Monique BELTRAME

 

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Infographie d'une carte géographique de l'Europe avec des flux migratoires.
© Union européenne, 2015 / Source: EC - Service Audiovisuel / Photo: Cristof Echard

 

 

 

Non... Les migrants n’attaquent pas ! Les réfugiés fuient l’enfer ! La réaction des populistes, qui les pourchassent, est délirante. Elle fait apparaître les faiblesses de l’Europe dans une situation de crise. La liberté et les valeurs démocratiques ne peuvent survivre dans les pays qui les limitent et dressent l'opinion publique contre des minorités, notamment ces migrants en danger de mort, de parfaits boucs émissaires qui tombent à point nommé. Récemment, les élus du parlement européen ont décidé de réagir à des décisions du gouvernement hongrois, contraires à nos valeurs, en votant l'activation de l'article 7. Cet article permet de suspendre les droits de vote d'un Etat membre en cas de violation des droits de l'homme. Le "Conseil" fera-t-il preuve de la même détermination... ? Probablement pas !

De Budapest à Varsovie, de Prague à Bratislava, de Vienne à Rome... la phobie anti- migratoire se répand comme une épidémie de peste... brune.
Des politiciens de fortune s’arrogent le droit de détruire 70 ans de construction démocratique. On érige des murs, on tire des fils de fer barbelés « pour sauver la civilisation chrétienne des envahisseurs ! »
De malheureux migrants servent de prétexte à une déferlante de populisme sur le Vieux Continent.

Foncièrement contradictoire, sans projet d’avenir, sans analyse du présent, ne prônant que le rejet des réfugiés par la force, la position populiste séduit.
Une « minorité agissante » mais ambitieuse, maniant avec dextérité « fake news » et bobards, est en passe de devenir majoritaire ; elle nous repasse les plats qui ont empoisonné les Européens dans la première moitié du 20e siècle, pour le moins...
La crise migratoire sert les intérêts d’un processus anti-démocratique sordide, visant à créer, entretenir un sentiment d'insécurité, de panique...
Nous assistons à une campagne permanente de dislocation de l’Europe, savamment entretenue.
Des Etats, gouvernés par les nationalistes, nous conduisent vers de nouveaux conflits, les prétextes historiques ne manquant pas.

Des personnages nouveaux ont surgi brusquement sur la scène politique européenne. Tous ambitionnent à prendre en main le destin du Vieux Continent pour mener des « coopérations » tous azimuts.
Comme les vieilles lunes françaises, ils entretiennent des relations plus qu'amicales avec les
dirigeants de la démocrature russe...
Les actuelles autorités américaines y voit là l'occasion d'une belle émulation. L'ex-conseiller stratégique de Donald Trump, le populiste Steve Bannon, a été envoyé le 23 septembre dernier à Rome. But de sa mission : aider le nouveau maitre de l’Italie à créer un mouvement européen des partis d’extrême droite afin d'assurer le résultat des prochaines élections. On devine lequel.
Les Américains ne s'embarrassent pas de cyber attaques à la russe, plus savantes et plus discrètes.
Varsovie, qui tremble depuis les manœuvres gigantesques en Sibérie, a envoyé à Washington un émissaire pour demander la création d’une base américaine en Pologne. Moyennant une troublante contrepartie financière de 2 milliards d’euros.
La nécessité d’une défense commune européenne n’effleure même pas ce beau monde, pourtant la seule décision qui impressionnerait Poutine.

Ilsarrivent Mensonge sur la première de couverture - Photomontage de la Revue municipale "fakenews" de Béziers.

Le mercredi 12 septembre, les élus du Parlement européen ont contre-attaqué pour entraver la dérive populiste, non sans un certain succès mais, hélas ! il n'auront pas le dernier mot... Il revient au «Conseil ».
Le Parlement a dénoncé la menace venant de la Hongrie contre les valeurs de l'UE et lancé la procédure dite de l'article 7, mécanisme de sanctions visant un pays qui bafoue les règles européennes.
La Hongrie foule au pied depuis plusieurs années, ouvertement, l’État de Droit, les valeurs fondatrices de l’Europe, celles des droits de l'homme... la sûreté, la liberté, la résistance à l'oppression, l’indépendance de la justice...
Ses dirigeants renvoient des juges en principe inamovibles, favorisent la discrimination de certaines catégories de la population, interdisent les aides, même l'alimentation ! aux rares migrants bloqués en Hongrie.
Soutenu par les groupes souverainistes qui siègent au Parlement, le sort du Premier ministre hongrois Viktor Orban dépendait surtout du vote du PPE (Parti populaire européen), le grand parti majoritaire conservateur qui rassemble des européens éminents, mais aussi des élus du Fidesz-union civique hongroise, le parti d'Orban...
La prise de position officielle du PPE contre les dérives de l’extrême droite, avait aussi pour but d'obliger Manfred Weber, qui préside le PPE (Parti Populaire Européen) à clarifier sa position... Mme Merkel ambitionne de le présenter comme candidat à la tête de l’UE à l'occasion des prochaines élections.
Le scrutin était serré. Mais une large majorité s’est dégagée contre les dérives populistes.
Les conservateurs europhiles ont été amenés à se désolidariser des extrêmes... mais ce n'est qu’une demi-victoire.

Le Conseil statue à l'unanimité. Une condamnation de la Hongrie semble impossible à cause de la Pologne qui partage la vision autocratique de son voisin. Et qui fait l’objet depuis le mois de décembre 2017 d’une mise en demeure initiée par la Commission contre ses réformes. La Pologne encourt, elle aussi, les foudres de l'article 7 !
Les ministres italiens, autrichiens..., autant de votants (non élus) aux ordres de leurs gouvernements populistes, s'opposeront probablement à une condamnation de la Hongrie.
Dans ces conditions le vote du parlement, la seule institution à être élue par les citoyens, ressemble à un pétard mouillé.- Monique Beltrame, présidente du Comité Européen Marseille

 

 

 

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