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Par Monique BELTRAME
Donald Trump, à droite, et Donald Tusk (photo : @Commission européenne)
Avec sa façon directe et péremptoire de s'exprimer, Donald Trump s'est réjouit ouvertement du Brexit. Il le voulait "dur". Il serait finalement "doux"... comme le souhaite Teresa May, en accord avec les autorités européennes. Il avait prédit au début de son mandat « la fin de l'Union Européenne dans les six mois... » L'UE est toujours debout ! Cela dit, ses déclarations à l'emporte-pièce ne sont pas sans fondement. Les Européens seraient bien inspirés de tenir compte de ses avertissements... d'autant qu'ils sont souvent suivis d'effets.
Le Président des États-Unis Donald Trump a tôt fait de remarquer... pas de déplorer ! la faiblesse de l’Europe. Pas d’union politique ni même de défense commune ! Si l'euro fait de l'ombre au dollar, c'est la deuxième devise mondiale, il ne fait pas jeu égal avec la monnaie américaine. « America first » exige la fin de cette concurrence européenne. Trump veut détruire l'Union européenne. Ni plus ni moins ! Donald Trump fourbit ses armes pour tirer à bout portant sur "le château de cartes européen", surnom qu'il lui donne. Avec la résiliation du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, signé à Vienne en 2015 avec l’Iran, succès dont les Européens étaient fiers à juste titre, Donald Trump fait coup double. Il raye d’un trait de plume les efforts diplomatiques des Européens dont le but était de désamorcer un scenario catastrophe dans le chaos du Moyen Orient. Du même coup il bloque aussi le commerce des Européens avec l’lran et ébranle le géant économique européen par des rétorsions commerciales américaines. L'Europe n'ayant pas de défense intrinsèque, Trump joue sur du velours. C’est comme dans le conte des trois petits cochons, qui séduit toujours les enfants... Le souffle du grand méchant loup éparpille la éparpille la cabane en paille du petit cochon paresseux ; celui qui avait la flegme de construire une maison solide. Plus prosaïquement, le groupe Total pourrait être contraint de cesser le développement du champ gazier iranien South Pars 11, situé dans le golfe persique au profit probablement d’une entreprise chinoise. PSA envisage de se retirer d’Iran, premier marché étranger, pour respecter la décision de Trump applicable au 6 août 2018.
Sans crier gare, de victoire en victoire, Trump en bon chef de guerre poursuit son attaque et taxe de 25% l’aluminium et de 10 % l’acier le 30 mai 2018. C’est la production allemande la plus visée. Pendant qu’Emmanuel Macron essaie d’éveiller la passion de la jeunesse à la Sorbonne, enflamme le Congrès américain à Washington, lance un appel vibrant à Athènes ou s’égosille à expliquer la voie de l’Union au Parlement européen, Madame Merkel hésite à répondre à l’appel de l’histoire. Elle se réfugie derrière l’orthodoxie du nouveau ministre des finances Olaf SCHOLZ du parti social-démocrate qu’on croyait européen. On l’aura compris un ministre allemand des finances reste un ministre allemand de finances. La Chancelière tergiverse; elle hésite à entrebâiller la porte aux propositions d’Emmanuel Macron sur l’intégration de la zone euro, avec la bénédiction d’un groupe de pays nordiques sous l’impulsion de la Hollande. Quant aux italiens, ils pensent avoir trouvé la parade en s’engouffrant dans une illusion politique sans précédent. A l’Est rien de nouveau· : les anciens satellites de Moscou continuent impunément à saccager l’Etat de droit avec la nostalgie peut-être de la soumission et de la force. L’Union européenne n’a de sens que si les Européens ambitionnent de voir aboutir ce projet utopique d’une Europe unie. Son destin n’est écrit nulle part. Aux Européens de le décider ! Sinon, ils seront emportés au gré des courants les plus forts. Pour l’heure, ce ne sont plus les populistes qui représentent un danger pour l’Union. Ils sont concurrencés par l’euroscepticisme à tous les niveaux jusqu’au sommet des instances européenne. Ainsi le 7 octobre 2018 Jean-Claude Juncker déclarait à la Fondation jacques Delors : « Je crois que nous devons cesser de parler des Etats-Unis d'Europe » Comme le disait Vladimir Jankélévitch : il nous reste à «faire de l’irréversible un commencement. » Sinon de nous inspirer de l'aphorisme de Boileau : « cent fois sur le métier remettons notre ouvrage !»
Marseille, le 6 juin 2018
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